La présence est l’un des mystères les plus profonds qui soient. Certains – de plus en plus rares toutefois, imaginent pouvoir complètement s’en dispenser… Il est essentiel d’y regarder à deux fois.
Depuis la crise sanitaire, nous sommes, dans de nombreuses situations, dispensés désormais de la présence physique les uns des autres. Le télétravail, les réunions en visio-conférence, ont remplacé de très nombreuses occasions de rencontre grâce aux outils digitaux.
Une diète difficile et bienfaisante
Comme toute diète, celle qui nous a été imposée par la crise Covid fut à la fois difficile, douloureuse, mais aussi bienfaisante. Elle fut l’opportunité, pour certains d’entre nous, à l’instar du carême ou du ramadan, de retrouver le goût, la valeur, le sens de ce dont nous nous nourrissons habituellement sans y prêter attention : la présence des autres.
La présence des autres nous a manqué. Elle manque encore cruellement à tous ceux que l’état de santé garde à l’écart, comme le met crûment en lumière par exemple la question des EHPAD. Celle de nos proches, souvent, en premier lieu, mais pas seulement : la chaleur humaine d’une terrasse de café, le son des rires, des conversations, le bruissement des autres dans le bureau d’à côté, les voix des enfants dans la cour, les passants dans la rue, tout cela contre quoi nous pouvons pester par moments, nous a manqué, manque encore à celles et ceux d’entre nous qui subissent l’isolement.
Etre présent… ou pas
Certes, nous pouvons désormais, grâce à nos technologies, réaliser une foule de choses « à distance », c’est-à-dire par écrans interposés. Cette possibilité nous permet, dans de très nombreux cas, de travailler très différemment, souvent plus sereinement – au moins en apparence : nous nous sentons malgré tout reliés les uns aux autres, nous pouvons nous voir, nous parler, nous écrire. Mais personne n’est dupe : à distance, ça n’est pas « pareil ». C’est intéressant, c’est utile, cela ouvre de nouvelles perspectives, mais rien à faire : la présence physique des autres, c’est autre chose. Nous aimerions bien, parfois, pouvoir nous en passer complètement, ça serait si pratique… mais non, pas moyen, il existe une foule de choses que nous ne pouvons tout simplement pas faire hors de la présence les uns des autres. En présence ça marche, hors de la présence, ça ne marche pas, c’est peut-être intéressant, voire même sympa, mais c’est autre chose, c’est radicalement différent. La présence ne se définit qu’en lien avec son opposé, l’absence. Quelque chose existe dans la présence, n’existe pas dans l’absence.
Un cadeau
Etre présent, c’est se situer dans le temps et dans l’espace, cela a à voir avec l’incarnation, l’existence humaine. Cela a à voir également avec la conscience de soi, du moment présent : on peut être physiquement présent, mais en fait ailleurs, absorbé par ses pensées, présent et absent. Comme la lumière, la présence éclaire ce qui s’échange entre nous, lui apporte une toute autre dimension. Comme la flamme, la présence nous réchauffe, agit comme une « cuisson » jusqu’à parfois métamorphoser le lien… Merveille de la langue française : le mot « présent » est aussi un synonyme de « cadeau ».
La formation, comme l’école d’ailleurs, a très longtemps été indissociable de la présence des autres, enseignants comme apprenants. Ca n’est que relativement récemment que l’on a commencé à distinguer formation « présentielle » de formation « à distance ». Depuis cette période de crise sanitaire, nombreux sont les curieux qui nous interrogent, avec plus ou moins de crainte et d’espoir : « Proposez-vous vos formations à distance ? ».
Révéler notre nature profonde
La réponse est simple et claire : non. La Méthode Chamming’s est une pédagogie des relations humaines qui passe, en premier lieu, par l’expérience. Et l’expérience de la relation se produit en présence de l’autre, des autres. L’expérience vécue dans les stages, dans et par la présence des autres, est irremplaçable. Il s’agit de « vivre » quelque chose de tout à fait particulier, qui se produit « en présence » et ne se produit pas « en l’absence ».
L’enfant, pour se développer et devenir humain, a un besoin viscéral de la présence des autres. Même nourri, protégé du froid et de la maladie, il ne peut pas se développer sans toucher et être touché, sans entendre des voix humaines lui parler, sans voir des visages. Nous sommes des êtres reliés les uns aux autres… c’est notre nature profonde, et c’est à elle que nous nous proposons, que nous vous proposons, de nous relier dans les stages « Chamming’s ». La méthode Chamming’s est une pédagogie qui s’appuie, résolument et définitivement, sur la présence, sur ce qui se produit dans cette présence, pour les personnes et dans le groupe. Toutes sortes de formations à distance, plus ou moins pertinentes, plus ou moins approfondies, peuvent être proposées : mais pour ce qui concerne la Méthode Chamming’s, c’est en présentiel ou ça n’est pas.
Aussi, nous continuons, malgré les efforts que cela représente pour nos participants comme pour nous, à proposer nos stages en présentiel.
Le plaisir de nous rencontrer, de nous retrouver, en nous faisant ce cadeau de la présence ensemble, continue et continuera de faire partie intégrante de notre pédagogie, de notre approche écologique des relations humaines.
Par Marie KERROUCHE – Consultante-animatrice Méthode Chamming’s