Dans ce monde du travail surchargé, où le temps rime avec efficacité, rendement et performance, s’arrêter pour des vacances est souvent une gageure. Lâcher le poste et ses besoins, laisser les choses suivre leur cours, un temps, n’est parfois même pas envisagé. Savoir « se mettre en vacance » est pourtant une nécessité vitale collective.

Bien souvent, pendant les périodes de congés, les managers mais aussi un nombre croissant de salariés gardent un lien avec le milieu du travail pour suivre les affaires en cours ou répondre, a minima, aux nécessités du moment. Couper réellement les amarres avec le travail peut sembler trahir sa fonction, ou prendre des risques dans l’entreprise.

Pourtant, à y regarder de plus près, il s’agirait d’entendre quel peut en être le sens de réelles « vacances », à quel besoin cela répond, et in facto, quels bénéfices en retirera non seulement la personne, mais aussi l’équipe et l’entreprise.

Prendre du recul

S’extraire pour vivre autre chose, qui correspond à d’autres sphères essentielles de nos vies, c’est ouvrir la perspective, en sortant de la posture « tête dans le guidon ». C’est comme se redresser, et regarder autour de soi. Cela permet de revenir le regard ouvert, le dos droit, et par ce lâcher prise pouvoir envisager d’autres possibilités de se situer.

Contacter ses besoins pour retrouver sa disponibilité

 « Vacance » est un mot à plusieurs sens : partir en vacances, chacun reconnaît le sens commun, mais être en vacance, c’est expérimenter une ouverture, un vide ouvert au possible. Dans cet espace vont s’exprimer d’autres parts de soi, auparavant couvertes ou tenues invisibles de par le bruit, l’activité, l’occupation habituelle. Être en vacances, c’est donc réouvrir un espace fermé, obturé, car occupé.

Pour être disponible aux autres, savoir être disponible à soi

 Ainsi le temps ouvert à ses propres besoins permet de reconstituer sa disponibilité, trésor inestimable qui permet l’ouverture au temps du travail, aux autres, et aux possibles de la situation. Sans ces espaces de respiration, c’est notre disponibilité à nous-mêmes, et par suite, à tout le reste, qui risque d’être atteinte. De là aux dérives vers des troubles de notre santé au travail, quand nous nous oublions dans la situation professionnelle, il n’y a qu’un pas. Que de temps gagné dans une justesse et une clarté de posture… C’est là, à ce point de contact, que le temps pour soi, pour sa propre vie, d’ouverture à nos besoins propres, est en réalité un bénéfice essentiel pour l’entreprise.

Après la trépidante rentrée, les rythmes à recréer, les multiples appels et demandes qui cherchent leur forme dans nos emplois du temps, s’ouvre l’automne avec ses premières périodes de vacances. Savoir retrouver, reconstituer, voir réouvrir ces temps de « vacance », au sens d’esprit vagabond, pour recréer sa propre disponibilité, n’est pas qu’une bonne idée, c’est une nécessité collective.