Millenials, Génération Z ou Génération X, seniors, issus de l‘immigration de telle ou telle partie du monde, télétravailleurs urbains ou néo ruraux, « ex » de telle et telle entreprises qui ont fusionné… chaque « catégorie » de salariés revendique des aspirations qui lui sont propres. Dans un monde en transition rapide, il est plus urgent que jamais d’apprendre la rencontre.
Nos organisations sont devenues d’une extrême complexité. Elles intègrent désormais des salariés d’origines et de cultures différentes, parlant plusieurs langues, travaillant dans des lieux et des temporalités différentes. Plusieurs générations coexistent et collaborent. Chacune a grandi dans un monde fort différent du monde de celle qui la précède, sous l’effet de l’accélération des changements technologiques, environnementaux et sociétaux.
Dangereuse séduction du simplisme
Pressés par les urgents et nécessaires défis d’adaptation à relever, nous avons le nez dans le guidon. Nous peinons à reconnaître le monde du travail dans lequel nous évoluons désormais, à y trouver des repères fiables, à y puiser le sens sans lequel la motivation s’étiole et l’engagement se perd. Les statistiques nous interpellent : l’absentéisme est en hausse constante depuis 2019. Un salarié sur deux s’estimerait en détresse psychologique selon le dernier baromètre d’Empreinte Humaine avec OpinionWay. Un sentiment diffus d’effritement de la cohésion de nos collectifs nous envahit. Il ouvre la voie, si l’on n’y prend garde, au repli sur soi, à l’agressivité, voire à la violence. Dans ce climat incertain, les délires simplificateurs complotistes ou extrémistes peuvent soudain paraitre séduisants. Il est urgent de réagir.
Nos écoles ne nous préparent pas à la rencontre
Comment lutter ? Comment résister ? Comment continuer à collaborer, manager, diriger, dans le respect de valeurs humaines et d’une éthique du lien ? Celles et ceux qui se posent ces questions sont sans doute plus nombreux qu’ils ne le croient. Ils s’ignorent par manque de temps, de repères et de dialogue. Ils gagneraient, nous gagnerions, pourtant, tellement à partager nos préoccupations sur ces enjeux, à construire ou reconstruire, dans notre monde en mutation, de nouvelles manières de vivre, travailler et créer ensemble.
« La compréhension mutuelle entre humains, aussi bien proches qu’étrangers, est désormais vitale pour que les relations humaines sortent de leur état barbare d’incompréhension. » Edgar Morin – « Les 7 savoirs nécessaires à l’éducation du futur »
Si nous nous sentons parfois si démunis, c’est que nos écoles et nos universités ne nous ont pas ou mal préparés. Dans le meilleur des cas, nous avons appris qu’existaient d’autres points de vue, d’autres cultures, que les mêmes mots d’une langue ne signifiaient pas nécessairement la même chose selon le contexte et la personne qui les emploie, que certaines expressions étaient intraduisibles d’une langue dans l’autre. Nous avons appris des modèles et des théories pour décrypter certains comportements, occuper certaines fonctions. Nous avons même appris à rechercher les « bonnes questions ». Nous avons appris ainsi, croyons-nous, à communiquer. Mais nous continuons de tenter – sans grand succès – de comprendre les autres à partir de nos propres représentations. Nous avons appris la culture, les cultures, mais nous n’avons pas appris la rencontre.
L’habileté relationnelle, une compétence fondamentale
Pour celles et ceux dont les fonctions impliquent d’exercer une autorité sur autrui et exige, de ce fait, une grande habileté relationnelle (dirigeants, managers, commerciaux, mais aussi consultants, éducateurs, enseignants, soignants), l’apprentissage de la rencontre est aujourd’hui plus que jamais fondamental. La rencontre suppose de savoir, en tout premier lieu, de manière un peu plus fine et un peu plus solide que le commun des mortels, qui l’on est : quelle est notre part d’inconscience, quelles sont nos représentations les plus puissantes, quelle est notre « matrice » culturelle, quels sont nos modèles et comment tout cela, souterrainement, dicte nos jugements, nos comportements, nos actes. C’est la première étape, car la rencontre – la vraie, avec un autre tout aussi complexe que moi, digne d’intérêt, de respect et potentiellement porteur d’une partie des solutions que nous cherchons à produire, suppose que je sois capable, au moins momentanément, de mettre ce « qui je suis » en sourdine pour m’ouvrir à l’autre. C’est par cette ouverture, qui repose sur un contact sécure, que peut s’exercer et se déployer, de manière constructive, l’esprit critique des équipes. C’est de cette ouverture, à partir d’un moi solide qui se connaît et se comprend lui-même, que va pouvoir naître la véritable intelligence collective.
Apprendre la rencontre plutôt que la culture : c’est là toute l’ambition, toute la simplicité et toute l’universalité de la Méthode Chamming’s, une pédagogie solide et rare des relations humaines, au service des organisations créatives, inclusives et multiculturelles.