« Réconcilier le travail, le management et la démocratie », tel est le projet ambitieux et vital, dans notre société en perte de repères, que nous propose le philosophe Pierre-Olivier MONTEIL. Très fouillé et documenté, éclairé par sa grande proximité avec Paul RICOEUR, son cheminement nous invite à revisiter – notamment – nos idées et notre expérience du travail.
En ce 1er mai, fête du travail, particulièrement traversé de tensions sociales, nous vous proposons une courte excursion dans son dernier et superbe ouvrage, « La Fabrique des Mondes Communs ». Le travail peut être, selon lui, un puissant lieu de développement de soi, de ses potentialités, de sa joie d’être au monde, par les potentialités de rencontres qu’il crée et le service aux autres qui s’y joue.
Cet itinéraire suppose toutefois de prendre conscience des dérives de ce que Pierre-Olivier appelle le « néo management » : un ensemble de pratiques assujettissantes via des dispositifs d’objectifs, d’évaluation, de relations quasi exclusivement numériques, dont l’efficacité ne se mesure qu’à l’aune des résultats financiers.
Trouver sa « vocation »
L’idée serait de (re)trouver le chemin de l’éveil de la « vocation » de chacun, autrement dit de l’engagement au service de la dimension publique de la vie publique. « Dignes et non avilissants, le travail et l’économie se trouvent ainsi placés au service de l’humain, et non l’inverse. La vocation invite chacun à apporter à la communauté ce qu’il a de plus précieux et que nul autre ne pourrait fournir à sa place. {…} Un espace est ainsi créé pour que le travail puisse être un mode d’expression de l’inventivité et de la singularité humaine. »
Cela est possible, nous dit Pierre Olivier, en invitant et en permettant au management de se questionner profondément, de s’exposer à entrer en relation plus personnelle, plus sensible, plus humble et respectueuse avec les personnes qu’il a la charge de conduire et coordonner pour produire, coopérer, innover. En ouvrant à chacun l’espace pour découvrir et exprimer sa vocation, le manager se trouve en mesure de susciter la gratitude des membres de l’entreprise envers le collectif et de recueillir leur adhésion.
Faire autorité
« Dans quelles conditions donner un ordre ou un objectif, déléguer une mission, incarner le leadership par un style de management qui rencontre approbation et adhésion ? L’enjeu est d’identifier une manière de faire assumée, qui privilégie la loyauté, plutôt qu’une action indirecte, dissimulée dans des dispositifs. {…} En entreprise comme ailleurs, le pouvoir auquel il est possible de consentir est celui qui est reconnu comme légitime. Il n’a dès lors pas à recourir à la contrainte ou à la manipulation pour être crédible et obéit. On dit alors qu’il fait autorité. »
Il s’agit donc d’exercer une autorité qui protège la singularité de chacun et qui libère les potentiels de coopération et de création. Une autorité qui élève, au sens noble, en suscitant l’ « auteur » en chacun, le sujet conscient, libre et responsable. Apprendre à faire cela, en pratique : tels sont l’enjeu et l’ambition qui sont au cœur de la Méthode Willy Chamming’s, depuis sa création. « C’est possible, peut-être, mais cela prend du temps » nous objecte-t-on souvent. Certes. Un certain temps. Le temps de se poser, prendre du recul, réfléchir, échanger, se former, expérimenter, intégrer. Mais, peut-être, devient-il urgent de prendre enfin le temps de s’engager dans ce chemin.
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Qui est Pierre-Olivier MONTEIL ?
