Si vous rentrez de vacances et que vous avez passé du temps en famille, avec une bande de copains ou en voyage organisé, vous n’avez pas manqué de le remarquer : le groupe est un creuset tout à la fois fatigant et énergisant. Il peut se révéler, pour chacun de ses membres, assez difficile, simplement sympathique, ou même révélateur et merveilleux.
Un groupe n’est pas seulement une addition d’individus inertes, une série. Dans l’écheveau subtil des inter-relations entre ses membres et avec son pilote, apparaît quelque chose de plus, qui va faire que chacun ne sera pas tout à fait le même quand il est dans le groupe ou en dehors. Question cruciale : comment faire que ce « quelque chose » fasse du groupe un être sensible et intelligent, à l’image d’une troupe de danseurs, et non un animal aveugle ? Comment faire du groupe un creuset bénéfique pour le développement de chacun de ses membres, et non une soupe indifférenciée et appauvrissante ? Qu’est-ce qui différencie la masse sans conscience de la véritable équipe ?
De la régression à la catalyse
Qui a un tant soit peu exercé des fonctions d’autorité à court ou long terme, sait que les êtres humains ne se comportent pas de la même manière lorsqu’ils sont isolés que lorsqu’ils sont en groupe.
Tout se passe comme si, dès lors qu’ils sont en groupe, les être humains à la fois régressent et progressent. Ils se comportent soudain en grands enfants, attendent d’être pris en charge, s’énervent que les choses ne se passent pas comme ils l’auraient voulu, ne font plus certaines choses pourtant très simples comme se déchausser et de ranger ses chaussures dans l’entrée… Ils peuvent, pourtant, dans le même temps, se dépasser et réaliser des choses impossibles pour une personne isolée.
Le comportement du groupe lui-même, en tant qu’être vivant, peut être imprévisible. Il fait l’objet d’observations et de recherches depuis de nombreuses années. Tel un animal extraordinaire doté d’hyper-pouvoirs, le groupe semble capable du meilleur comme du pire. La formidable énergie dont il est doté peut rapidement se muer en inertie : bon courage à celui qui entend alors le presser. Théâtre de phénomènes de régression, mais aussi catalyseur, il agit sur ses membres comme un puissant philtre : l’individu, en situation d’équipe, réactive en lui-même – en grande partie inconsciemment – des sentiments archaïques vécus dans son enfance et ses liens familiaux d’origine. Les relations dans une équipe deviennent rapidement passionnelles… pour le meilleur et pour le pire.
« En tant qu’être vivant, le groupe qui fonctionne à plein régime se tient à température de sa propre destruction. » Edgard Morin
manager, sur le plan énergétique, on pourrait comparer le groupe à un cheval : il peut emmener son cavalier bien plus loin et plus vite que là où il pourrait aller à pieds. Mais que le cavalier le blesse ou use de la force : tôt ou tard, l’animal se rebelle et devient potentiellement dangereux.
Rendre aux personnes leur potentiel créateur
Qu’est-ce donc qui va différencier le groupe sain, qui offre à ses membres un cadre protecteur, inspirant et épanouissant, d’un groupe maltraitant dans lequel certains a minima vont se trouver entravés, exploités, voire aliénés ? Qu’est-ce qui va différencier la troupe, au sein de laquelle chacun, exprimant ses talents particuliers au service des besoins de l’ensemble, va prendre harmonieusement sa place, du troupeau balourd et aveugle qui ravale les personnes soit au rang d’exécutants mécaniques, soit au rang d’animaux – requins, moutons et autres chiens ?
Pour tout manager, dirigeant, enseignant, la question est fondamentale et se pose de manière aigüe et plus précise : comment m’y prendre avec le groupe dont j’ai la charge pour faire en sorte qu’il soit une ressource pour ses membres plus qu’une contrainte ? Cet exercice est particulièrement ardu dans notre culture occidentale, où prévalent des valeurs égalitaires d’épanouissement personnel. Chacun, aujourd’hui, s’attend à être considéré comme une personne à part entière, et à ce que ses désirs et besoins soient pris en compte. Chacun se montre circonspect avant d’accorder sa confiance pour donner de lui-même, et peut la reprendre à la moindre étincelle. Assumer des fonctions qui requièrent l’exercice de l’autorité et l’accompagnement d’autrui, dans nos organisations de ce début de 21ème siècle, est devenu très délicat, ce d’autant plus que nos systèmes éducatifs ne nous y préparent pas
« L’animation est un art qui consiste, avec souplesse et invention, à rendre aux personnes leur potentiel créateur, au lieu de tendre à aplanir les différences entre les membres du groupe pour mieux contrôler leur production, indique Lily JATTIOT. Ceci en tenant compte, consciemment, des risques que cela comporte. »
Ajuster sa posture, cela s’apprend
Trouver la juste posture passe nécessairement par un chemin bien souvent inattendu : la connaissance et la conduite de soi dans le groupe. Comment appréhendai-je le groupe ? Quels mécanismes inconscients l’arrivée dans un groupe va-t-elle activer chez moi ? Quels modèles de comportement ai-je intégrés, qui vont être pour moi une ressource pour m’intégrer et me déployer au sein d’un collectif, mais devenir un handicap dès lors que je m’attends à ce qu’ils soient les mêmes pour tous ? Telles sont les questions que l’Ecole Chamming’s vous propose d’explorer, en passant, comme toujours dans notre enseignement, par l’expérience avant la théorie.
Selon la Méthode Chamming’s, comme le dit si bien Pierre Olivier MONTEIL*, « la difficulté de la mission est l’envers d’une pièce dont de puissantes attentes positives sont l’endroit« . Le besoin d’engagement et de sens, le désir et la possibilité d’épanouissement et de reconnaissance au travail, la joie de réaliser ensemble tout en étant respecté en tant que personne, sont autant d’énergies extrêmement puissantes dont ceux qui sont en charge des fonctions d’autorité peuvent bénéficier en modifiant leur posture et leurs manières d’agir – et donc faire bénéficier leurs organisations. Et – bonne nouvelle – cela s’apprend.