La Méthode Chamming’s utilise l’image de l’iceberg, empruntée à Carl Gustav Jung, pour parler du fonctionnement de la personne humaine. En haut, dans la tête, ce qui est visible – donc conscient, le domaine de l’intelligible : la pensée claire, logique, froide, qui explique le monde. En bas, dans les tripes – dont le coeur, insaisissable, puissant et mouvant, le domaine brûlant du sensible : les sensations, les émotions, les sentiments, d’où émergent nos besoins profonds et où résident nos ressources énergétiques.
Le bas de l’iceberg est notre connaissance sensible, inconsciente, animale, des choses. Il est cette part vivante et agissante de nous-mêmes d’où émerge notre conscience, et qui nous est paradoxalement inconnue. Nous savons, au fond de nous, sa présence, et nous pouvons sentir sa puissance. Ses manifestations viennent déranger sans cesse notre vision logique du monde et le bon déroulement de nos projets, mais aussi l’enchanter et lui apporter de précieux enseignements. Le bas de l’iceberg – nos tripes, notre coeur – recèle d’autres formes d’intelligence à notre disposition, pour peu que nous sachions comment entrer en relation sage et habile avec lui.
Si je raisonne uniquement en logique pure, en mode « machine », froidement, selon le « haut de l’iceberg » (la tête), je classe simplement tout cela dans la catégorie « irrationnel », et je tente d’y apporter un éclairage scientifique, logique – quand je ne me contente pas de purement l’ignorer. En faisant cela, je le cache, il m’échappe, irrémédiablement, quitte à me brûler de l’intérieur. Mais je peux procéder autrement : l’accueillir, comme une puissante source de connaissance, d’énegie et de sagesse en moi. C’est ainsi que procède la Méthode Chamming’s.
Utiliser un autre langage
L’intelligence du « bas de l’iceberg » est irréductible à la pensée binaire : conscient/inconscient, rationnel/irrationnel, raisonnable/fou, logique/illogique. Il s’agit d’entrer dans une autre dimension. Le « bas de l’iceberg » recèle d’autres formes d’intelligence – celles du coeur et du vivant en nous, dont la connaissance et la fréquentation vont avoir dans nos vies des impacts considérables. Pour en parler, il faut user d’un langage qui lui est propre : celui des images et des métaphores.
Le domaine du bas de l’iceberg est celui de nos rêves, de nos désirs profonds, de notre imaginaire, de notre intuition. Il est la source de toutes nos créations et de toutes nos découvertes. Insaisissable, mouvant, chatoyant, irréductible aux catégories, il se transforme et bouge sans cesse, disparaît dès qu’on croit le saisir, comme la Shakti des Hindous. Dans ce domaine, les choses ne sont pas blanches ou noires, l’absolu n’existe pas, il n’y a ni 100%, ni zéro : toute chose et son contraire co-existent. La loi est celle de l’ambivalence, c’est-à-dire de la co-existence et de la conjonction des opposés : je peux ressentir simultanément la haine et l’amour, l’attirance et la répulsion, le désir et la peur, je peux à la fois vouloir et ne pas vouloir… Le jour et la nuit, la lumière et l’ombre, le chaud et le froid, la joie et la peine vont ensemble, l’un engendrant l’autre dans une dynamique cyclique et toujours recommencée.
L’intelligence du lien et de la relation
L’intelligence du bas de l’iceberg, notre intelligence sensible, est comme un guide intérieur, une boussole profonde, qui nous oriente souvent à notre insu. Elle nous relie au cosmos, à la nature. C’est à elle que nous faisons appel dans les moments les plus délicats de notre vie, car alors l’autre intelligence, celle de la logique, est inopérante. Elle nous guide inlassablement vers la lumière, car elle sait que c’est au point le plus obscur de la nuit que commence le jour nouveau.
Elle s’exprime par images, par symboles, à travers les mythes, les légendes, les métaphores les plus anciennes du monde. Elle emprunte différentes voies pour se faire connaître de nous : par nos rêves, par les manifestations de notre corps, par nos actes manqués… Aborder cet aspect paradoxal de nous-mêmes, ou tout au moins connaître son existence et sa puissance, est indispensable à qui veut comprendre les phénomènes humains : c’est là que réside notre puissance de vie, c’est là la source de notre intelligence émotionnelle et relationnelle.
Nous lui laissons une large place dans nos stages, permettant à chacun, à sa façon, de s’ouvrir à elle. Nous expérimentons de pouvoir la relier à notre pensée intelligible, celle qui distingue, discrimine, organise. Car dès lors que ces différentes formes d’intelligence, en nous-mêmes, ne sont pas reliées, nous fonctionnons comme des machines, sous l’emprise de nos instincts… nous risquons fort, dès lors, de commetre des actes dont nous ne serons pas prêts ensuite, à assumer les conséquences.